Postface (deuxième version)

dimanche 21 juin 2015
par  Paul Jeanzé
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Note à l’intention des éditeurs

Je m’appelle Paul Jeanzé et je suis né le 10 novembre 1970 dans un petit village de l’ouest de la France. Au cours du mois de décembre 2015, je terminais mon deuxième livre que j’intitulais « La bête à concours ». Pendant les semaines qui suivirent, je l’envoyais à un grand nombre d’éditeurs, persuadé, non pas d’avoir écrit un chef-d’œuvre, mais au moins un ouvrage digne de figurer en bonne place sur le catalogue de l’un d’entre eux. Arrivé à ce stade de mon travail, je savais pertinemment qu’il suffisait de quelque chose d’infime pour que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un éternel recommencement, et ce d’autant que j’avais débuté ce nouveau texte avec mes travers habituels : un style peut-être un peu trop ampoulé, une structure parfois incertaine, et puis ces satanés poèmes dont je n’arrive toujours pas à me débarrasser. Mais sinon, à part ça, je commence à être dans l’air du temps non ? Mais si, relisez bien mon texte et vous verrez ! Déjà, j’aborde la critique de la société, notamment à travers l’Union par exemple, et puis aussi avec plein de petits trucs qui se terminent en « isme ». Et puis surtout, j’ai fait une petite incartade du côté du sexe avec mademoiselle X ! C’est bien ce que vous attendiez n’est‑ce pas ? Et entre nous, je l’ai quand même pas mal troussée la petite nouvelle hein ? De votre point de vue, ce n’est peut-être pas encore suffisant, mais ça ne s’improvise pas non plus du jour au lendemain de maîtriser des thèmes comme le sexe et la violence, qui plus est dans le style parlé que l’on écrit au vingt et unième siècle ! La vulgarité, les phrases courtes, les réflexions à hauteur de caniveau, et tout ça dans un vocabulaire basique de chez basique accessible à tous, ça me demande quand même de faire d’énormes efforts côté écriture et façon de penser ! J’espère donc que vous aurez apprécié ma volonté de bien faire !

« Comment ? Pas assez violent ? Il n’y a quasiment aucune violence dans mes écrits ? Euh… attendez… enfin… c’est que… ne bougez pas, je reviens d’ici une minute ! »

Une minute plus tard

« Ah oui, je savais bien que j’avais oublié de vous révéler quelque chose : le vieux croûton, mais si vous savez, l’autre vieux machin là, l’écrivain alcoolique, hé ben il ne s’est pas vraiment suicidé. Hé non ! Ça vous en bouche un coin hein ! Ouais, ce connard de scribouillard en fait, il n’a jamais voulu me montrer un seul de ses putains d’écrits. Alors un soir, très tard, alors qu’il était complètement beurré, je lui ai foutu une fausse lettre de refus dans la poche arrière de son pantalon avec la mention manuscrite suivante : « cette lettre de refus sera la dernière ! », et puis je te l’ai balancé manu militari par le balcon de son appartement. Après, il m’a fallu faire fissa avant que son corps ne soit découvert. Enfin son corps, mouhaaaaa, je me marre ! Je te dis pas la charpie à l’atterrissage ! Putain, c’est pas si solide que ça la vieille carne ! J’ai fébrilement fouillé tout l’appartement, pensant y trouver un trésor, mais je ne suis tombé que sur des textes médiocres et parasités par toutes les névroses du vieux. Il a fallu que je reprenne tout son bordel moi-même, de telle sorte qu’avec tout le travail que j’ai dû fournir, il serait scandaleux de me traiter d’imposteur ! Sans déconner, j’ai passé plus de temps à reprendre ses textes qu’à écrire les miens ! Trois mois pour reprendre tout le merdier, trois mois ! alors que dans le même temps je suis capable de te faire une épopée familiale sur trois générations et trois cent douze coucheries ! Ce vieil écrivain, maintenant que c’est moi qui écris les histoires par ici, je ne suis pas prêt de te le ressusciter pour le remettre à mon service, c’est moi qui te le dis !

Putain, un carton ! Je vais faire un carton ! Qu’est-ce que j’ai bien fait de tout reprendre à zéro ! Qu’est-ce que j’ai bien fait, bordel ! À partir d’aujourd’hui, vous n’avez pas fini d’avoir de mes nouvelles ! Enfin bon, je ne vais pas non plus vous retenir plus longtemps, car vous le savez bien mieux que moi, les bienfaits de la lecture, même la plus divine qui soit, ne durent qu’un temps, et le retour à la réalité s’avère d’autant plus pénible, brutal, absurde, ubuesque voire monstrueux, que la période d’illusion aura été longue. Ami lecteur, vous qui venez de terminer cet ouvrage un peu particulier, permettez-moi de vous remercier d’avoir bien voulu faire un effort qui vous aura certainement été inhabituel… et si rien ne vous retient par ailleurs, je souhaiterais maintenant vous demander d’avoir la gentillesse de bien vouloir m’accompagner dans un prochain livre, un livre qui marquera, cette fois-ci peut-être, un véritable retour sur Terre…


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