Propos sur le bonheur (Alain)

Alain

Propos sur le bonheur (1928)

Voici le jardin du philosophe. On y cueillera des fruits mûris sur le tronc de la sagesse commune et dorés à cette autre lumière des idées. Ils en reprennent leur saveur d’origine, qui est le goût de l’existence. Saveur oubliée en nos pensées ; car on voudrait s’assurer que l’existence est bonne et on ne le peut ; on en déçoit donc l’espérance par précaution, prononçant qu’elle est mauvaise. De là s’étend l’empire de l’imagination déréglée, en quoi Alain, se confiant à la sagesse du corps, restaure la souveraineté claire de l’homme heureux et qui n’attend pas pour l’être, ici et non ailleurs, que l’événement lui donne raison, acteur enfin et non spectateur de soi-même.


Articles publiés dans cette rubrique

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

Préface

Émile Chartier, dit Alain (1868-1951), est né dans la petite ville de Mortagne-au-Perche, qui lui consacre aujourd’hui un remarquable musée. Fils de vétérinaire et tenant de sa mère, « belle femme aux grands traits », la forte structure percheronne, il offrait avec assurance le type accompli de (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

Dédicace à Mme Morre-Lambelin

Ce recueil me plaît. La doctrine me paraît sans reproche, quoique le problème soit divisé en petits morceaux. Dans le fait le bonheur est divisé en petits morceaux. Chaque mouvement d’humeur naît d’un événement physio­logique passager ; mais nous l’étendons, nous lui donnons un sens oraculaire ; (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

I. Bucéphale

Lorsqu’un petit enfant crie et ne veut pas être consolé, la nourrice fait souvent les plus ingénieuses suppositions concernant ce jeune caractère et ce qui lui plaît et déplaît ; appelant même l’hérédité au secours, elle reconnaît déjà le père dans le fils ; ces essais de psychologie se (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

II. Irritation

Quand on avale de travers, il se produit un grand tumulte dans le corps, comme si un danger imminent était annoncé à toutes les parties ; chacun des muscles tire à sa manière, le cœur s’en mêle ; c’est une espèce de convulsion. Qu’y faire ? Pouvons-nous ne pas suivre et ne pas subir toutes ces (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

III. Marie triste

Il n’est pas inutile de réfléchir sur les folies circulaires, et notamment sur cette « Marie triste et Marie joyeuse » qu’un de nos professeurs de psycho­logie a heureusement trouvée dans sa clinique. L’histoire, déjà trop oubliée, est bonne à conserver. Cette fille était gaie une semaine et (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

IV. Neurasthénie

Par ces temps de giboulées, l’humeur des hommes, et celle des femmes aussi, change comme le ciel. Un ami, fort instruit et assez raisonnable, me disait hier : « Je ne suis pas content de moi ; dès que je ne suis plus occupé à mes affaires ou au bridge, je tourne dans ma tête mille petits motifs (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

V. Mélancolie

Il y a quelque temps, je voyais un ami qui souffrait d’un caillou dans le rein, et qui était d’humeur assez sombre. Chacun sait que ce genre de maladie rend triste ; comme je le lui disais, il en tomba d’accord ; d’où je conclus enfin : « Puisque vous savez que cette maladie rend triste vous ne (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

VI. Des passions

On supporte moins aisément la passion que la maladie ; dont la cause est sans doute en ceci, que notre passion nous paraît résulter entièrement de notre caractère et de nos idées, mais porte avec cela les signes d’une nécessité invincible. Quand une blessure physique nous fait souffrir, nous y (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

VII. Crainte est maladie

Je me souviens d’un canonnier qui lisait dans les mains. Il était bûcheron de son métier et formé par cette vie sauvage à l’interprétation immédiate des signes ; je suppose qu’à l’imitation de quelque autre sorcier il s’était mis à observer aussi le creux des mains ; et c’était là qu’il lisait (…)

vendredi 11 août 2023
par  Paul Jeanzé

VIII. De l’imagination

Lorsque le médecin vous recoud la peau du visage, à la suite de quelque petit accident, il y a, parmi les accessoires, un verre de rhum propre à ranimer le courage défaillant. Or, communément ce n’est point le patient qui boit le verre de rhum, mais c’est l’ami spectateur, qui, sans en être (…)

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Convalescence : les poézies de l’année 2023

Mardi 15 janvier 2024

Quand bien même notre corps aurait besoin d’une petite pause pour quelques réparations sommaires, rien n’empêche notre esprit de continuer à vagabonder : dans le ciel et sur la terre ; dans les montagnes et sur la mer…

Convalescence