Maria Chapdelaine (Louis Hémon - 1913)

Je me souviens avoir prêter un jour cet ouvrage. Il m’a été rendu une semaine plus tard par un lecteur qui, avec un brin de mépris, m’avait dit ceci : « Bah, j’ai à peine lu trente pages ; il ne se passe rien… » Je n’ai pas compris tout de suite, mais en y réfléchissant un certain temps, j’ai peut-être saisi ce qu’il voulait vraiment exprimer : « dans ce livre, il n’y a aucune action et je me suis terriblement ennuyé. » C’est assez vrai, il n’y a pas d’action comme on peut en retrouver à foison dans les publications contemporaines : pas de coup de théâtre à chaque coin de page, pas de mort violente qui vienne ponctuer la fin d’un paragraphe, rien de tout cela.

En fait, les personnages que nous croisons dans cet ouvrage vivent, tout simplement. Bien sûr, la mort tient une place importante dans le texte, mais simplement parce qu’elle fait partie de la vie sur terre. Dans Maria Chapdelaine, les morts ne s’entassent pas pour, si j’ose dire, le plaisir du lecteur. D’ailleurs, de vous à moi, quel plaisir peut-on trouver à lire des romans où les morts nous sont ainsi servis sur un plateau, celui-là la tête décapitée, et cet autre cuit à l’étouffé ?

Il m’arrive ainsi de penser que nous vivons une époque bien étrange, et malgré le froid et la rudesse de l’existence des protagonistes de Maria Chapdelaine, j’en arriverais presque à envier leur difficile quotidien.


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Une année dans tous les sens

Mercredi 15 janvier 2025

Une nouvelle année commence, et fidèle à mes habitudes depuis dix ans maintenant, se termine une année de poézies, entre bon sens et contresens. C’est également la fin du triptyque en "sens". Pour les trois années à venir, j’espère aller au fond des choses, tout en évitant l’overdose et les pensées moroses.

Bien à vous,
Paul Jeanzé