Qu’est-ce que la méditation ?

La méditation juive
jeudi 31 juillet 2025
par  Paul Jeanzé

Qu’est-ce que la méditation ? Pour quelqu’un qui pratique la méditation, la question ne se pose pas. Cependant, pour une personne qui n’a jamais été en contact avec la méditation, le sujet est entouré de mystère. Pour beaucoup, le terme « méditation » évoque l’image d’une personne assise en position du lotus, les yeux fermés, dans une concentration sereine. D’autres associent la méditation à la sainteté et à la spiritualité. Les personnes en quête de spiritualité peuvent s’intéresser à différentes disciplines de méditation sans avoir la moindre idée de ce qu’elles recherchent .

Dans son sens le plus général, la méditation consiste à penser de manière contrôlée. Il s’agit de décider exactement comment on souhaite diriger son esprit pendant un certain temps, puis de le faire.

En théorie, cela peut sembler très facile, mais dans la pratique, ce n’est pas le cas. L’esprit humain n’est pas un animal domestiqué, mais semble plutôt avoir une volonté propre qui échappe à la volonté de celui qui pense. Quiconque a déjà essayé de se concentrer sur un sujet, pour voir son esprit vagabonder vers d’autres pensées, en est conscient. Parfois, il semble que plus on essaie de contrôler ses pensées, plus elles refusent d’être contrôlées.

Il est surprenant que la plupart des individus n’aient jamais réfléchi à leurs pensées. Les pensées font tellement partie de notre être que nous les considérons comme allant de soi. L’une des premières étapes dans la méditation consiste à apprendre à ne pas considérer nos pensées comme allant de soi.

Un exercice simple démontrera à quel point il est difficile de contrôler ses pensées. En théorie, cet exercice semble ridiculement simple, mais dans la pratique, il est extrêmement difficile.

Voici l’exercice : arrêtez de penser.

Normalement, lorsque l’on n’est pas occupé à autre chose, un flux constant de pensées traverse l’esprit. Dans cette rêverie, une pensée en entraîne une autre, presque automatiquement. Ce flux de pensées se poursuit sans fin, comme une conversation intérieure avec soi-même. Habituellement, cette rêverie fait tellement partie de notre environnement mental que nous n’y prêtons pas attention.

Le premier exercice consiste à prendre conscience de vos pensées en essayant de les arrêter. Essayez de faire le vide dans votre esprit pendant quelques minutes et de ne penser à rien du tout. Cela vous semble facile ? Arrêtez de lire maintenant et essayez.

Très bien. Combien de temps cela a-t-il duré ? À moins que vous ne soyez très atypique ou que vous ayez déjà pratiqué la méditation, vous n’avez probablement pas réussi à faire le vide dans votre esprit pendant plus de quelques secondes. À tout le moins, cette période de silence mental a sans doute été interrompue par la pensée « Je ne pense à rien » ou « J’essaie de ne pas penser ». Dans la pratique, il est extrêmement difficile de faire taire ses pensées. Comme nous le verrons, le contrôle du processus de pensée est l’un des objectifs de certaines disciplines méditatives.

Il existe une autre méthode pour essayer de contrôler votre esprit. Une fois que vous aurez terminé ce paragraphe, fermez les yeux. Vous verrez probablement des lumières ou des images clignoter devant vos yeux. Accordez-vous quelques instants pour vous détendre, et ces lumières clignotantes s’estomperont pour se transformer en une série d’images kaléidoscopiques dans votre esprit. Ces images apparaîtront et changeront spontanément, sans que votre esprit conscient n’intervienne ou presque. Une image en succède une autre, tandis qu’une autre encore se développe. Il est presque impossible de se concentrer sur ces images issues de votre esprit, car dès que vous essayez, elles disparaissent.

Maintenant, fermez les yeux et essayez de contrôler ces images. Essayez de représenter la lettre A dans votre esprit. À moins d’avoir pratiqué cette technique pendant un certain temps, il est impossible de retenir cette image.

L’une des techniques de méditation consiste à « visualiser », c’est-à-dire à évoquer une image dans l’œil de l’esprit et la maintenir là. Dans la méditation juive, cela s’appelle « graver ». Ici, l’image est fixée dans l’esprit comme si elle était gravée, de sorte qu’elle peut être conservée dans l’esprit aussi longtemps que l’on le souhaite. Cette technique ne peut être perfectionnée qu’à travers un entraînement intensif.

Après avoir essayé ces deux exercices, vous pouvez constater que l’esprit a une « volonté propre ». L’esprit comporte donc deux parties, l’une qui est sous le contrôle de la volonté consciente et l’autre qui ne l’est pas. La partie de l’esprit sous le contrôle de la volonté s’appelle la conscience, tandis que celle qui ne l’est pas s’appelle l’inconscient ou le subconscient. Comme le subconscient n’est pas sous le contrôle de la volonté, on ne peut pas contrôler ce qui passe dans l’esprit conscient.

L’un des objectifs de la méditation est donc de prendre le contrôle de la partie subconsciente de l’esprit. Si l’on y parvient, on acquiert également un haut degré de maîtrise de soi. Cela aussi est un objectif de la méditation.

Cela explique pourquoi tant de disciplines utilisent les exercices de respiration comme outil de méditation. La respiration se fait généralement de manière automatique et est donc normalement contrôlée par l’inconscient. À moins que vous ne contrôliez consciemment votre respiration, celle-ci reflétera votre état d’esprit inconscient. C’est l’une des raisons pour lesquelles la respiration est l’un des indicateurs utilisés dans les tests de détection de mensonges.

Cependant, si vous le souhaitez, vous pouvez contrôler votre respiration, et ce, assez facilement. La respiration établit donc un lien entre le conscient et l’inconscient. En apprenant à vous concentrer sur votre respiration et à la contrôler, vous pouvez ensuite apprendre à contrôler votre inconscient.

Le processus de pensée lui-même est également contrôlé dans une large mesure par l’inconscient, mais il peut également être contrôlé par l’esprit conscient. Cela est particulièrement évident dans le cas de la rêverie. Lorsque l’on se détend et que l’on n’y prête pas particulièrement attention, la rêverie passe d’une pensée à l’autre sans effort conscient. Il existe d’ailleurs un certain nombre de techniques psychologiques qui tentent d’imiter cette « association libre » afin de mieux comprendre l’inconscient. Cependant, quelle que soit la liberté avec laquelle l’association est exprimée à une tierce personne, elle n’est jamais aussi libre que dans le cas de la rêverie pure. La rêverie peut donc également être considérée comme un point d’interface entre le conscient et l’inconscient. En apprenant à contrôler la rêverie, on peut également apprendre à contrôler l’inconscient.

Il en va de même pour les visions qui apparaissent dans l’œil de l’esprit. Comme elles ne sont pas sous le contrôle de l’esprit conscient, elles proviennent manifestement de l’inconscient. Il est très difficile de les contrôler sans pratique ; cependant, on peut apprendre à le faire, ce qui permet également de jeter un pont entre l’esprit conscient et l’inconscient.

L’un des avantages les plus puissants de la méditation est le contrôle de l’inconscient. On apprend à utiliser l’esprit conscient pour contrôler les processus mentaux qui sont généralement sous le contrôle de l’inconscient. Peu à peu, une partie de plus en plus importante du subconscient devient accessible à l’esprit conscient, et l’on acquiert le contrôle de l’ensemble du processus de pensée.

Parfois, différentes parties de l’esprit semblent agir indépendamment les unes des autres. Le conflit entre deux parties de l’esprit peut être si intense qu’une personne a l’impression d’être deux individus distincts. Lors d’un tel conflit intérieur, il semble qu’une partie de l’esprit souhaite faire une chose, tandis que l’autre partie souhaite faire autre chose.

Ainsi, par exemple, une personne peut être attirée par une tentation sexuelle. Une partie de son esprit dit alors « oui » très fort. Cependant, en même temps, une autre partie de son esprit peut estimer que cet acte est moralement répréhensible. Cette deuxième partie de l’esprit peut dire « non » avec la même intensité. La personne peut se sentir prise au piège entre ces deux voix.

Dans la psychologie freudienne classique, cela serait considéré comme un conflit entre le ça et le surmoi. Dans notre exemple, le ça dirait oui à la tentation, tandis que le surmoi dirait non. D’une manière ou d’une autre, le moi (le « je ») sert de médiateur entre ces deux voix inconscientes. Bien que le schéma de Freud présente les choses de manière très claire, l’introspection montre que le conflit est en réalité plus complexe que la simple image du ça et du surmoi. Parfois, ce ne sont pas deux, mais trois, quatre ou plus de voix qui semblent envoyer des signaux différents dans l’esprit. Si une personne était prête à contrôler son subconscient, elle pourrait éviter une grande partie de ce conflit.

Il existe de nombreuses théories sur le subconscient, et une discussion approfondie dépasserait largement le cadre de cet ouvrage. Cependant, si la méditation est une pensée contrôlée, cela implique que l’individu maîtrise l’ensemble du processus de pensée, y compris les informations provenant du subconscient. Le méditant expérimenté apprend à penser ce qu’il veut, quand il le veut. Il peut toujours contrôler la situation, résister aux pressions psychologiques qui agissent sur le subconscient. Il se contrôle également lui-même, ne faisant jamais quelque chose qu’il sait qu’il ne veut vraiment pas faire. Dans de nombreuses écoles, cette maîtrise de soi est l’un des objectifs les plus importants de la méditation.


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Pas grand-chose (mais quand même)

Je profite du mois d’août, souvent calme de mon côté, pour procéder à quelques petites évolutions. Ainsi, je vais maintenant mettre mes poézies en ligne au fur et à mesure de leur rédaction... à condition que je sois satisfait du résultat. De plus, je vais certainement abandonner le format "un recueil tous les trois ans". Je verrai bien, avec le temps, où me mènera ce petit quelque chose.

Bien à vous,
Paul Jeanzé, le 12 août 2025