Les bâtisseurs du temps
La langue hébraïque ne possède point de mot pour dire chose, et les Juifs disent bon pour beau. Manquent-ils de sens esthétique, ne savent-ils point compter ? Ou, plus simplement, leur domaine est-il autre ?
La civilisation, répond Abraham Heschel, n’est pas simplement une technique dédiée à la puissance de l’homme ; elle ne se mesure pas à l’entassement des objets, ni à l’accumulation des connaissances. C’est un certain art de maîtriser le temps, d’introduire le sacré dans nos travaux et dans nos jours. tel est l’art de vivre qu’ont édifié les Juifs et que le Shabbat continue à nous enseigner.
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Chapitre premier - « De tout cœur »
La plupart d’entre nous succombent au pouvoir magnétique des choses et n’évaluent les événements qu’en fonction de leurs conséquences tangibles. Nous reconnaissons la valeur des objets qui se présentent à nous dans le royaume de l’Espace. Mais c’est dans le domaine du temps, et non dans celui de (…)
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Chapitre deuxième - « Les deux grandes traditions »
Au cours du dernier millénaire, on peut distinguer deux grandes traditions dans la vie juive, correspondant aux deux groupes qui ont successivement pris la tête du mouvement spirituel : d’abord les Sepharadim d’Espagne, puis, dans la dernière période, les Askhenazim.
Le groupe sépharade est (…)
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Chapitre troisième - « Les débauches du savoir »
Le facteur dominant de l’évolution du Judaïsme ashkenaze fut la démocratisation de l’enseignement talmudique à un point inconnu jusqu’alors.
Pendant les cinq siècles qui suivirent la clôture du Talmud, les académies babyloniennes conservèrent la direction de la vie juive. Les Juifs de tous les (…)
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Chapitre quatrième : « Un univers de palimpsestes »
Pour eux, l’Histoire n’était qu’une parabole. Les objets étaient des palimpsestes, et le ciel la tangente au cercle de tous les événements. Ils portaient la certitude que tout est une allusion à quelque aspect du transcendant, que ce qui se manifeste à l’esprit n’est que la fine écorce de qui (…)
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Chapitre cinquième : « La ferveur ashkénaze »
De même que Rachi démocratisa l’éducation juive, Rabbi Jehuda le Pieux et son école de Hassidim propagèrent, au XIIe et XIIIe siècles, l’idéal de piété mystique. Il n’était pas besoin d’extraordinaires facultés intellectuelles pour atteindre à cet idéal : on exigeait simplement la foi, un cœur (…)
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Chapitre sixième : « Car la terre est à moi »
On raconte l’histoire d’un homme fort savant qui rendit visite à un rebbe. Le savant n’était plus un enfant - il approchait de la trentaine - mais il n’avait encore jamais visité de rebbe. « Qu’as-tu fait jusqu’à présent ? » demande le Maître. « J’ai traversé trois fois le Talmud en entier, (…)
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Chapitre septième : « l’histoire qu’on n’a pas racontée »
Il faut bien dire que tout n’était pas lumière dans la vie des Juifs d’Europe orientale. Le tableau, pour être complet, devrait aussi comporter les ombres : partialité de l’enseignement, manque de tenue, provincialisme. Ils vivaient entassés les uns sur les autres, persécutés et pressurés par (…)
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Interlude : « L’architecture du temps »
La civilisation technique est la conquête de l’espace par l’homme. C’est un triomphe auquel on ne parvient, le plus souvent, qu’en sacrifiant l’une des composantes essentielles de l’existence : le temps. Dans la civilisation technique, nous gaspillons le temps pour gagner l’espace. Notre (…)
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Chapitre huitième : « Un palais dans le temps »
Celui qui désire entrer dans la sainteté du jour doit se défaire de tout le brouhaha des préoccupations profanes ; il doit s’éloigner du tintamarre des jours discordants, de l’agitation et de la furie du gain, de cette sorte d’abus de confiance envers soi-même. On se décharge du joug de la peine (…)
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Chapitre neuvième : « La splendeur de l’espace »
Interprétation allégorique d’une discussion ancienne.
La scène se situe en terre d’Israël, aux environs de l’an 130, sous la domination romaine. Personnages : trois Maîtres réputés et un profane. Rabbi Judah ben Ilai, Rabbi José et Rabbi Simeon ben Yohai étaient réunis ; avec eux se trouvait (…)
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